Découvrez l’interview exclusive de Christel Barbaud, chercheuse au laboratoire LVTS (Laboratoire de Recherche Vasculaire Transrelationnelle (INSERM-UMRS 1148). Elle évoque avec nous l’objet de sa thématique de recherche et son parcours professionnel.

Pouvez-vous nous parlez de votre parcours. Comment avez-vous choisi votre thématique de recherche ?

J’ai débuté ma carrière scientifique dans le domaine des glucides qui a été à la base de mes travaux de thèse (soutenue en 1993) et de post doc (1994 au Danemark). J’ai tout d’abord orienté ma thèse sur une synthèse multi étapes d’un principe actif, la Ravidomycine à partir du D-glucose. Puis j’ai travaillé sur la synthèse d’un disaccharide au cours de mon stage postdoctoral. C’est ce mot clé «glucides» qui a été le fil conducteur pour la suite de mes activités de recherche.

En septembre 1996, un poste d’ATER à l’UPEC (anciennement Université Paris XII) a été créé pour travailler sur la régénération tissulaire grâce à la modification chimique d’un polysaccharide appelé dextrane pour concevoir des mimétiques d’héparanes sulfates. Au bout de 2 ans, le projet a évolué en transposant les polysaccharides en polyesters biodégradables dérivés du poly(acide diméthylmalique). J’ai continué dans cette thématique après mon recrutement en tant que Maître de conférences et en étroite collaboration avec quelques chimistes du laboratoire dans lequel j’ai été affectée.

En 2004, j’ai ensuite passé mon HDR (Habilitation à Diriger les Recherches) et en 2005, j’ai rejoint l’université Sorbonne Paris Nord (anciennement Paris 13) au laboratoire LVTS (Laboratoire de Recherche Vasculaire Translationnelle (INSERM- UMRS 1148 – Universités Sorbonne Paris Nord et Université de Paris à l’Institut Galilée en tant que Professeure. Je travaille depuis sur des applications cardiovasculaires et en particulier sur les « stents bioactifs à élution médicamenteuse lente » (Figure 1). L’objectif est d’éviter le phénomène de resténose suite à la pose d’un stent endovasculaire. Ces stents seront recouverts d’un polymère biodégradable et biocompatible sur lequel sera greffé un principe actif antiprolifératif des cellules musculaires lisses. Le but est de concevoir un biopolyester modèle qui assurera une diffusion lente et contrôlée du principe actif dans l’organisme et permettra aux cellules endothéliales de réparer l’artère endommagée suite à la pose du stent. L’étude biologique sur les cellules est réalisée en collaboration avec ma collègue Hanna Hlawaty à Bobigny.

Cette étude démontrera qu’il est possible de libérer un médicament et de le doser efficacement durant une période de diffusion définie.

Par conséquent, le rôle d’un stent bioactif est primordial pour éviter une resténose de l’artère traitée. Il agit sur le fonctionnement correct de l’organe grâce à la libération de principes actifs.

Qu’est-ce qui vous intéresse tout particulièrement dans votre thématique de recherche ?

Il s’agit avant tout d’un travail pluridisciplinaire. On conçoit de nouveaux polymères et on étudie à la fois leurs caractéristiques physico-chimiques, leurs propriétés thermomécaniques et leurs comportements biologiques.

La structure du polymère est primordiale car il doit être à la fois biodégradable tout en étant parfaitement biocompatible dans l’organisme (Figure 2). Par exemple, la température de transition vitreuse du biomatériau ne doit pas être supérieure à 37°C, température du corps humain. Il doit être suffisamment viscoélastique pour l’utiliser comme revêtement du stent. La cinétique de libération du principe actif dans l’organisme et celle la dégradation du polymère doivent être adaptées à l’application biomédicale souhaitée. L’étude d’une part de la cytotoxicité des biopolymères et d’autre part du comportement biologique vis-à-vis des cellules endothéliales, des cellules musculaires lisses, des monocytes et des plaquettes est fondamentale si nous voulons envisager une application in-vivo ultérieurement.

Pour étudier toutes ces propriétés, nous utilisons plusieurs techniques : la résonance magnétique nucléaire (RMN), l’Infra-Rouge à transformée de Fourier (IRTF), la Calorimétrie Différentielle à Balayage (DSC), le tensiomètre, la microscopie à force atomique (AFM), la microscopie électronique à transmission (MET), la microscopie électronique à balayage (MEB), etc.

 Quels seraient vos objectifs à court terme ?

Je souhaiterai poursuivre ce travail mené depuis de longues années pour connaître le devenir de ces nouveaux biopolyesters dérivés du poly(acide diméthylmalique) dans les applications médicales. Il serait aussi intéressant de s’ouvrir éventuellement vers d’autres applications en lien avec d’autres laboratoires pour élargir le champ d’investigation qui est très vaste.

A moyen terme, la thérapie génique ou la vectorisation d’ARN interférents semblent ouvrir également de nouvelles perspectives. Les industriels, les laboratoires pourraient faire appel aux procédés que nous développons. Nous sommes ouverts à toute collaboration.

Cette recherche d’avenir possède des applications importantes au niveau de la santé qui mériteraient qu’on s’y intéresse.

Propos recueillis par Xavière Santarelli.

Institut Galilée

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