Découvrez l’interview exclusive de Jean-Stéphane Dhersin, au sujet de sa mission à l’Insmi.

Jean-Stéphane Dhersin, Directeur Adjoint Scientifique de l’Institut National des Sciences Mathématiques et leurs Interactions du CNRS (Insmi-CNRS) en charge de l’international
Membre du LAGA, CNRS-UMR 7529.

Pouvez évoquer avec nous la mission de l’INSMI et votre rôle sur le plan international pour développer la recherche dans le domaine des mathématiques ?

Je suis professeur au LAGA à l’Institut Galilée et, depuis 3 ans, Directeur Adjoint Scientifique à Insmi du CNRS. Nous sommes 4 directeurs adjoints en tout. Mon rôle consiste à mettre place le suivi et les actions de la recherche à l’international dans le domaine des mathématiques au sein de l’Insmi.
L’Insmi est doté depuis 2010 d’une mission nationale visant à structurer et accompagner le développement de la recherche dans les différentes branches des mathématiques.
Il faut savoir que dans les Unités Mixtes de Recherche (UMR) du CNRS rattachées à l’Insmi, il y un chercheur CNRS pour 8 enseignants chercheurs, ce qui fait un total de 400 chercheurs et 3200 enseignants chercheurs en mathématiques. A cela, il faut ajouter les personnels administratifs et de support, les IT (Ingénieures et Ingénieurs, et Techniciens et Techniciennes) mis par le CNRS dans ses unités. Ces personnels CNRS représentent environ la moitié des personnels administratifs et de support des UMR de l’Insmi, l’autre moitié étant en général des personnels universitaires.

De mon côté, je suis en charge de la politique internationale de l’Insmi : j’ai mission de la recenser, de la structurer, et de l’orienter.
L’une de ces structures à l’international est l’IRL (International Research Lab), dont la structure administrative est la même que celle des UMR en France. En particulier, des personnels y sont affectés par le CNRS, soit en détachement quand il s’agit de personnels CNRS, soit en accueil en délégation pour les personnels universitaires. L’un de ces IRL se trouve à Montréal, et c’est mon collègue de l’USPN, Olivier Lafitte, qui la dirige actuellement. L’un de ses rôles est d’en  assurer l’animation scientifique, par exemple en faisant venir pour des périodes de moyenne durée (6 mois à un an) des chercheurs et chercheuses français qui interagiront avec les chercheurs et chercheuses de Montréal, et  d’inciter  des collègues québécois  à effectuer des visites en France. Grâce à son action, la coopération en recherche en mathématique avec le Québec est d’une grande qualité. Mon interaction avec lui est forte. Son rôle est d’impulser ces échanges avec des chercheurs internationaux et de les faire venir sur le territoire pour passer par exemple 3 mois en France.

Afin de dynamiser la recherche à l’international, nous avons divers leviers. Nous venons de voir l’IRL de Montréal. Nous avons également un autre IRL au Canada, 1 IRL au Mexique, 1 IRL au Chili, 1 IRL au Brésil, 1 IRL au Vietnam à Singapour, 2 IRL en Inde, 1 IRL en Russie, 1 IRL au Royaume Uni, 1 IRL en Autriche, 1 IRL en Italie. Dans ces IRL, nous essayons que les collaborations touchent le maximum des domaines des mathématiques. C’est un des points forts de la France en mathématiques :  nous couvrons tous les spectres des mathématiques.  Nous faisons tout aussi bien de recherche très fondamentale que de mathématiques immédiatement appliquables. Ce n’est pas forcément le cas partout. Certains pays, par exemple, comme au Chili, souhaitent privilégier un axe de recherche plus orienté vers le domaine des mathématiques appliquées. Nous privilégions toutes formes de collaborations sans à priori. Nous avons des chercheurs d’horizons différents qui collaborent ensemble. C’est une vraie richesse pour élargir en continu le champ de la recherche.
En plus de l’IRL, nous avons d’autres moyens de coordonner les collaborations internationales.

  • L’IRN : International Resarch Network. Il s’agit d’une structure comparable aux GDR français, à spectre thématique en général étroit, mais à forte composante internationale.
  • L’IRP : International Resarch Project. Il s’agit d’une structure avec laquelle on a un accord avec le CNRS. Elle permet à différents partenaires français comme étrangers de structurer en interne des échanges variées.
  • L’IEA : International Emerging Action nous permet de rendre possible des projets naissants, ou de renforcer des projets. Quand un besoin spécifique se fait sentir, il est possible de transformer cette action initiale en structure plus lourde, IRP, IRN voire IRL. On reste dans une ouverture d’esprit totale et on ne se donne aucune limite. C’est cela qui fait notre force. Nous n’avons aucun à priori pour mener des investigations ouvertes et constamment évolutives.

Nous l’avons vu, aucune thématique des mathématiques n’est privilégiée par l’Insmi, laissant l’initiative aux chercheuses et aux chercheurs d’orienter leurs recherches comme ils l’entendent. Il arrive cependant qu’il y ait des exceptions. C’est par exemple le cas de plateforme née d’un besoin urgent dans le cadre de la pandémie du coronavirus. Lancée par nous, à l’Insmi, elle s’est dès le début voulue large (CNRS, INRAe, INRIA, INSERM et universités). Elle interagit aujourd’hui avec les différents centres de crise de l’épidémie, le Conseil Scientifique, REACTing, Santé Publique France, les différents ministères, et tout cela grâce au travail de nos chercheurs et chercheuses.

Comme nous l’avons vu, à l’Insmi, on coordonne toute la recherche dans le vaste domaine des mathématiques. On doit être au fait des actions entreprises. Notre mission et notre rôle est d’assurer la meilleure coordination possible en donnant si possible le maximum de moyens aux chercheurs et chercheuses et aux laboratoires pour mener à bien leur investigation, par exemple, en leur affectant des IT, ou grâce à des financements que nous souhaitons les plus récurrents possibles.

Une de nos actions pour dynamiser la recherche est de se faire rencontrer les chercheurs ? Nous disposons de lieux de rencontres, tels que le CIRM à Marseille, ou bien à l’IHP Paris afin de faciliter l’organisation de colloques comme l’accueil de chercheurs invités sur une longue durée.

MATHRICE est cet autre outil mis en place par l’Insmi dans le but d’assurer une meilleure coordination de la recherche. Il permet la mise en commun des données et une harmonisation des outils informatiques au niveau national de tous les laboratoires français avec une mise à disposition d’un cloud commun, d’un partage de documents ou de ressources bibliographiques. Ces éléments sont particulièrement utiles pour la lisibilité et le développement de la recherche. Des chercheurs ont par exemple continué leur collaboration internationale à distance grâce à la plateforme Mathrice qui propose un mode de conférence en visio similaire à l’application Zoom mais surtout hautement sécurisé.
Comme nous l’avons vu, une particularité de l’Insmi est de laisser éclore tous les projets. On laisse les chercheurs nous proposer leurs investigations de recherche. On ne veut freiner aucune initiative individuelle ou commune. On ne sait jamais ce qui peut en naitre de fructueux sur le long terme. On souhaite laisser libre ces initiatives dans un esprit de « serendipité ». On ne connait pas à l’avance ce qui va marcher ou pas.  On laisse naitre ensemble tous les axes de recherches qui peuvent émerger. On s’est aperçu que c’est ainsi que naissent les meilleures avancées scientifiques. Notre rôle est juste de leur en donner les moyens.

Propos recueillis par Xavière Santarelli.

En savoir plus sur l’INSMI :
Insmi.cnrs.fr

En savoir plus sur le CIRM
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/tous-les-mathematiciens-passent-au-cirm-une-fois-dans-leur-vie

Entretien avec Pascal Hubert, directeur actuel, oct 2020
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/tous-les-mathematiciens-passent-au-cirm-une-fois-dans-leur-vie

Entretien avec Patrick Foulon, ancien directeur
https://www.insmi.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/propos-de-linauguration-de-2r-cirm

Présentation générale du Cirm, article de 2015
https://lejournal.cnrs.fr/articles/dans-la-villa-medicis-des-maths

Vidéo de présentation du Cirm
https://www.youtube.com/watch?v=9hLYT7W9V4w&feature=youtu.be

Actions du Cirm :
Chaire Jean Morlet : https://www.chairejeanmorlet.com/
Groupes de travail, conférences… : https://www.fr-cirm-math.fr/descriptions.html
Programme d’Interface, tourné vers les échanges/transferts avec des industriels https://www.cirm-math.com/the-interface-programme.html
La Bibliothèque mathématique audiovisuelle : conférences filmées et chapitrées, entretiens avec les chercheurs/chercheuses de renommée internationale qui passent au Cirm… Présentation : https://www.fr-cirm-math.fr/bibliothegraveque-matheacutematique-audiovisuelle.html. Sommaire par thèmes, par conférenciers/conférencières etc : https://library.cirm-math.fr/Main.htm?lang=fr
Les Cigales au Cirm : un exemple d’action en direction des jeunes https://www.insmi.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/les-cigales-au-cirm

L’Institut Henri-Poincaré (IHP), dirigé par la mathématicienne Sylvie Benzoni, est l’une des plus anciennes structures internationales dédiées aux mathématiques et à la physique théorique. Créé en 1928, sous l’impulsion des mathématiciens français et américain Emile Borel et George Birkhoff, il a su affirmer sa différence sur la scène scientifique par son dynamisme. Placé sous le double signe de l’accueil et de l’échange, l’IHP est notamment connu pour ses « trimestres » durant lesquels les mathématiciens de par le monde ont l’occasion d’échanger sur différentes thématiques. L’institut a également pour ambition d’affirmer son lien science-société notamment via son projet de création, d’ici 2020*, d’une « Maison des mathématiques et de la physique théorique » ouverte au grand public, chercheurs et entreprises et avec pour objectif de faire dialoguer ces trois derniers. » (extrait d’un communiqué de presse de novembre 2018 pour les 90 ans de l’IHP)
*ouverture maintenant prévue en 2022

Trois grands pôles à l’IHP :
Centre Borel (recherche), Bibliothèque et maison Poincaré (interface avec société)

Recherche : trois programmes thématiques par an ; formation doctorale internationale et programme research in Paris, séminaires récurrents.
Cf http://www.ihp.fr/fr/recherche
Des chercheurs ayant organisé un trimestre thématique parlent de l’IHP : https://images.math.cnrs.fr/Entrevue-avec-A-Desolneux-J-Fadili-G-Peyre-et-B-Galerne.html et https://images.math.cnrs.fr/Entrevue-avec-Julie-Delon.html

Activités grand public :
Elles sont pilotées par le Comité de culture mathématique.
Nombreux événements en plus des événements courants (semaine des maths, fête de la science…) : des JAM, un ciné-club et production de films scientifiques, des expositions : voir l’index (colonne de gauche) de la page http://www.ihp.fr/fr/grand-public
Projet d’agrandissement de l’IHP avec notamment la création de la maison Poincaré, ouverte au public, avec expo permanente, et programmation avec médiateurs scientifiques et avec des temps d’échange gd public/chercheurs.
Voir le CP http://www.cnrs.fr/fr/la-maison-des-mathematiques-prend-forme-paris
Site web https://maison-des-maths.paris/
En attendant la réouverture des actions vers le gd public, l’IHP développe ses podcasts l’Oreille mathématique – entretiens avec chercheuses et chercheurs en maths et physique théorique. Voir l’onglet dédié sur le site maison Poincaré.

Interview de la directrice Sylvie Benzoni à sa prise de fonction en 2018
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/sylvie-benzoni-prend-la-tete-de-linstitut-henri-poincare

Chaîne YouTube
https://www.youtube.com/channel/UCrKGv5WY5ryaIXEmnxKVxOQ

Le journal CNRS
https://lejournal.cnrs.fr/diaporamas/des-humains-et-des-maths

Institut Galilée

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